- harò
- Harò, ou Harol, Est le cas vocatif de ce nominatif Haròl, que Aimoinus Monachus au 4. liv. ch. 110. de ses Annales appelle Harioldus, Et est un escri et reclame à secours de justice que fait celuy ou celle qui sont oppressez d'excez criminel seulement, comme d'embrasement, larcin, meurtre ou eminent peril par assaut à glaive desgainé. Auquel escri tous ceux qui l'ont ouy doivent issir et apprehender le malfaicteur, ou crier Harò sur luy, autrement sont tenus de l'amender au Prince, s'il y a peril de vie ou de membres, ou de larcin, selon que le contient la coustume du pays de Normandie, auquel seul la clameur de Harò a lieu, l'effect duquel Harò ne tend qu'à la retention du malfaicteur pour le mener en justice, et l'escrieur aussi, pour selon qu'il apperra le Harò avoir esté justement ou induëment crié, en faire jugement et decision. Car anciennement le Duc de Normandie ayant seul la court dudit Harò, et à present les hauts justiciers qui l'ont telle que le Prince, et les moyens qui ne l'ont que du Harò de sang et playe, doivent respectivement faire enqueste s'il a esté crié à droit ou à tort, et punir l'un ou l'autre. Ainsi dit-on, Crier Harò, Haroldum, aut certe Harioldum inclamare, i. Haroldi opem atque fidem. Et le mot Harò, est Harolde tuam fidem. sc. inuoco, Et Clameur de Harò, Haroldi fidei imploratio. i. fidei publicae inuocatio ob publicam violatam ac temeratam tranquillitatem. Si que le mot Harò soit simple, et que l'origine de ce cri depende de Harold Roy de Danemarc, qui l'an huict cens vingtsix receut le baptesme a Mayence, et fut grand conservateur de la justice. Autres dient que Harò sont deux mots, et qu'il ne le faut escrire aspirément ains Aa Roù, sçavoir est, aide moy, ou venge mon injure. Et pour ceste opinion se peut alleguer que Roù Danois fils de Guyon, seigneur du pays bas de Danemarc, s'estant fait Duc de Nortmandie tint la main si roide à la punition des mesfaits et seurté publique, que de son vivant, ni long temps apres son decez ne se trouva audit pays aucun qui tollist ne emblast à autruy, et que chevauchant un jour par son pays de Nortmandie, ayant fait pendre à une potence au bord d'une Mare (qui s'appelle encore aujourd'huy la Mare aux anneaux, et le village d'aupres Rommare) sur le grand chemin passant les anneaux d'or qu'il portoit, ils y furent bien fort long temps sans qu'oncques en fussent ostez, ores qu'ils fussent pendus si bas qu'aisément on y peust atteindre: si que pour la bonne paix et justice qu'il maintint audit pays, ses subjects prindrent ceste usance, tant de son vivant qu'apres sa mort, de crier Aà Roù, quand on les outrageoit de quelque effort de violence.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.